Avec plus de 200 ans d’histoire, la maison reste l’une des dernières maisons indépendantes et familiales en ce moment. Présentes dans les films de James Bond, les bouteilles de champagne Bollinger s’invitent aussi dans les plus prestigieux restaurants. Face au nombre interminable de marques de champagnes, comment cette maison a-t-elle pu rester indépendante et familiale pendant de longues années ? La réponse dans cet article.
Histoire de la Maison Bollinger
Même si 1829 reste l’année officielle de la création de la maison Bollinger, l’histoire de cette maison commence bien avant cette année. En effet, l’origine de la maison remonte en 1650 quand la famille Hennequin de Villermont s’installe dans un vignoble champenois et y produit du vin mousseux. Le 6 février 1829, le comte de Villermont, Athanase Louis Emmanuel Hennequin s’associe à Jacques Joseph Bollinger et Paul Renaudin pour fonder la maison de champagne. Pour respecter l’ancienne tradition aristocratique, la maison va s’appeler Bollinger-Renaudin quand le Comte de Villermont ne souhaite pas y intégrer son nom. Pour rappel, Paul Renaudin est un pur champenois employé chez Muller-Ruinart, tandis que Joseph est fils de nobles allemands qui viennent de s’installer en France.
Paul Renaudin n’aura pas de descendance jusqu’à sa mort. Cependant, son nom restera sur les étiquettes jusqu’en 1960. De son côté, Jacques Joseph Bollinger épouse la fille d’Athanase en 1837. Ils auront 4 enfants : Marie, Henriette, Joseph et Georges. Jacques Joseph sera d’abord succédé par ses gendres (époux de Marie et Henriette). Ensuite, les deux fils Joseph et Georges auront aussi leur tour. Néanmoins, l’époque des deux fils sera marquée par deux grands défis qui empêchent la maison de se développer plus vite. Il y aura d’abord l’arrivée du phylloxéra, un puceron dévastateur puis la première guerre mondiale en 1914.
Le champagne renaîtra de ses cendres en 1918 avec Jacques Bollinger, fils de Georges, qui reprend la direction de la maison. Après lui, il y aura sa veuve Élisabeth, une des plus grandes dames de Champagne, à la tête de la maison. Et ainsi, la maison a su rester indépendante au fil des années. C’est aussi grâce à d’autres gérants qui ne sont pas issus de la famille Bollinger.
Les propriétaires de la Maison Bollinger
Avec deux ou trois autres maisons, la maison Bollinger figure encore parmi les dernières maisons de champagne familiales et indépendantes. Comme la maison Taittinger, pendant toute son existence, la maison n’a jamais été vendue ou achetée par un groupe ou une autre entité. Depuis 1829, elle appartenait à ses trois fondateurs : le comte de Villermont, Jacques Joseph Bollinger et Paul Renaudin. Et comme Jacques Joseph Bollinger s’est marié avec Charlotte Hennequin de Villermont, les deux noms ne feront plus qu’un.
Par ailleurs, Paul Renaudin n’ayant pas d’héritier, la maison Bollinger a toujours été la propriété de la famille Bollinger. Quelques membres de cette famille vont se succéder pour être à la tête de l’entreprise. Cela commence par Joseph Bollinger, fils de Jacques Joseph, qui sera aussi succédé par son frère Georges. Les deux frères vont tout faire pour que la maison jouit d’une belle notoriété même face aux deux terribles défis qu’ils ont dû affronter.
En 1918, Jacques Bollinger à son père Georges. Comme ceux qui l’ ont précédé, il va aussi étendre le vignoble de la maison et moderniser les installations. Il est marié à Elizabeth Law de Lauriston-Boubers. Lors de sa mort en 1941, Madame Bollinger reprend le flambeau sans hésitation. En 30 ans à la tête de la maison de champagne, “Lily” sera celle qui va mener la maison vers son ampleur actuelle. Avec courage et fermeté, elle fait face à l’occupation allemande. En tant qu’une vraie leader et visionnaire, elle allie la modernité et la tradition pour conserver la notoriété de son patrimoine. Par exemple, elle est à l’origine de la conservation de la vinification en fût. En 1951, elle embarque pour New York pour imposer sa marque en faisant goûter son champagne à des journalistes et des personnalités importantes.
Après Lily Bollinger, ses neveux Claude d’Hautefeuille et Christian Bizot prendront la place de directeur tout à tour. Ils seront suivis par Ghislain de Montgolfier qui est l’arrière-arrière-petit-fils du fondateur. Entre 2007 et 2019, la maison sera dirigée par Jérôme Philippon, le premier dirigeant non membre de la famille. Et aujourd’hui, on retrouve Charles-Armand de Belenet à la tête de l’entreprise.
Comment les vins de la maison Bollinger sont-ils réalisés ?
Le vignoble de la maison Bollinger est un patrimoine qui s’est construit au fil du temps par les dirigeants et les générations qui se sont succédé. Aujourd’hui, ce vignoble compte 179 hectares de vignes. Il est constitué à 85% de Grands et Premiers crus disposés sur 7 vignobles distincts : Aÿ, Avenay, Tauxières, Louvois et Verzenay en Pinot noir autour de la Montagne de Reims, Cuis en Chardonnay dans la Côte des Blancs et Champvoisy en Meunier dans la Vallée de la Marne. La maison produit la majorité des raisins utilisés pour ses assemblages. Cela se fait rare en Champagne. La maison possède aussi deux parcelles épargnées par le phylloxéra, des trésors qu’on utilisera pour faire la cuvée Vieilles Vignes Françaises.
Comme cépage, la maison Bollinger mise surtout sur le pinot noir. Ce cépage emblématique du champagne occupe 60% de la production. Il est aussi utilisé avec cette même portion pendant l’assemblage. Mais par-dessus tout, la vinification sous bois reste la base de la signature Bollinger. La maison possède encore le dernier tonnelier à demeure en Champagne, l’atelier de Gaël. C’est dans cet atelier que les fûts en bois de la marque sont fabriqués.
Pour réussir ses assemblages, le chef de caves peut compter sur les vins de réserve en magnum que la maison possède en quantité. La maison considère la technique de réserve comme un vrai art qui jouera en sa faveur pendant les futurs assemblages.
Les différents styles de vin chez la maison Bollinger
La maison Bollinger propose divers types de champagne où l’on retrouve le pinot noir comme signature. Au fil des années, la maison a su concocter diverses cuvées qui possèdent chacune leur histoire. Chez Bollinger, vous pouvez avoir du champagne brut, du champagne millésimé, du champagne sec et demi sec, extrabrut …
Voici la liste des cuvées disponibles en ce moment :
- La Grande Année : Cette cuvée est l’incarnation du savoir-faire artisanal champenois. Obtenus à partir de vendanges exceptionnelles, les champagnes millésimés de la Grande Année sont vinifiés dans des tonneaux en chêne.
- La Grande Année Rosé : Cette cuvée est la déclinaison parfaite de la Grande Année en version Rosé.
- Bollinger R.D : Un champagne Extra Brut introduit par Madame Bollinger en 1963. Il s’agit d’un vieux millésime qui est “récemment dégorgé” d’où viennent les initiales R.D .
- Bollinger PN : La collection PN symbolise la vision singulière du Pinot noir par la maison. C’est un assemblage de goût unique obtenu uniquement par les meilleurs pinots noirs.
- La Côte aux Enfants : Un champagne d’exception issu de la Côte aux Enfants qui est un des plus grands crus d’Aÿ. Ce vin est obtenu par du pinot noir planté sur une seule parcelle.
- Vieilles Vignes Françaises : Encore un 100% pinot noir de parcelle issu des deux parcelles épargnées par le phylloxéra. Il s’agit des parcelles les Chaudes Terres et le Clos Saint-Jacques à Aÿ.
- Bollinger Rosé : Un champagne qui démontre toute la technicité de la maison en matière de vinification en rouge.
- Spéciale Cuvée : Tout simplement le champagne emblématique de la maison. L’idée vient de l’agent britannique de Georges Bollinger en 1911.
Quels sont les meilleurs champagnes de la maison Bollinger ?
Avec son style basé sur le pinot noir et la maitrise des techniques traditionnelles, il est difficile d’avoir un Bollinger peu performant. Cependant, la meilleure cuvée reste la Spéciale Cuvée et toute son affinité.
Aujourd’hui encore, la maison Bollinger reste parmi l’élite en Champagne. Et contrairement à ses maisons concurrentes, elle est restée indépendante.
